Avec des millions d’exemplaires vendus, La semaine de 4 heures de Timothy Ferris est sans doute le livre de développement personnel le plus lu de la planète. Il est d’ailleurs fréquemment cité parmi les meilleurs ouvrages de productivité et de développement personnel.

Pourtant, parmi les nombreux lecteurs de ce bouquin, je ne vois que peu de « nouveaux bienheureux », comme les appelle Tim, qui parviennent à appliquer cette recette avec succès. Le forum du livre est surtout rempli de pauvres ères tentant désespéremment d’atteindre le but fixé par leur maître à penser.

Alors, La semaine de 4 heures, livre brillant, ou géniale arnaque ?

Résumé de La semaine de 4 heures


La semaine de 4 heures
Timothy Ferris

Pour ceux qui n’ont pas lu le livre, il me parait important d’en faire un petit résumé, afin que nous sachions de quoi on parle.

Ce livre se propose de vous aider à vous organiser pour gagner en un mois, en bossant 4 heures par semaine, ce que vous gagner actuellement en un an, et d’utiliser cette liberté pour vivre la vie de vos rêves sans attendre la retraite. Il introduit le concept de revenu relatif, et explique qu’il vaut mieux gagner 1000€ en bossant 4h que 4000€ en en travaillant 25.

L’ouvrage nous propose ensuite de faire le point sur nos rêves et nos passions, en nous conseillant de voir grand, afin de pouvoir nous organiser pour les vivre dés maintenant.

S’ensuit une longue partie ou Tim nous explique comment améliorer au maximum notre efficience pour nous débarasser de toutes les tâches inutiles, et gagner un maximum de temps : déléguer tout ce qui est possible, louer les services d’assistants, se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée, refuser les interruptions et se débarrasser du superflu, se couper des flots d’informations inutiles, externaliser au maximum, etc.

L’auteur nous présentera ensuite comment créer une entreprise génératrice de revenus qu’il sera possible d’automatiser afin de ne pas avoir à s’en occuper plus de quelques heures par mois. Il nous offre un mini-cours de marketing afin de tester et lancer des idées d’entreprises à moindre coût.

Enfin, l’auteur expliquera qu’il est important de vivre la vie de ses rêves dés maintenant, en s’accordant des « mini-retraites », et de ne pas attendre d’être riche à millions ou vieux pour s’éclater. Il nous démontre que le travail n’est souvent qu’en remplissage, et que trouver sa véritable voie n’est jamais évident. D’après lui, la liberté n’est pas si facile à apprécier, s’interroger sur le sens de la vie n’en a pas beaucoup (du sens), il faut privilégier l’action à la réflexion, et il faut un temps d’adaptation pour apprendre à profiter pleinement de la vie.

Je précise toutefois que ce court résumé ne rend pas honneur au livre, j’ose espérer que vous me pardonnerez ma concision.

Devenez riche sans rien faire et glandez sous les cocotiers

J’ai une fâcheuse tendance au scepticisme maladif, et j’étais naturellement méfiant au regard de la couverture et du titre du livre, ainsi que des quelques commentaires que j’en avais entendu. On retrouve en effet dans cet ouvrage de nombreuses caractéristiques des livres poubelles qui vous vendent des recettes miracles pour devenir riche en dormant. Jugez plutôt :

  1. la méthode pour créer une entreprise trés rentable parait extrêmement simple et efficace ;
  2. de nombreux témoignages de nouveaux riches parsèment le livre, comme ci ce dernier souffrait d’un sérieux manque de crédibilité à combler ;
  3. l’auteur, qui promet de vous apprendre à devenir riche, est surtout devenu riche en vendant… des livres pour vous apprendre à devenir riche.

Ce genre de caractéristiques me fait tiquer, et allume mon détecteur à bullshit marketing immédiatement. Après lecture du livre, je note deux éléments :

L’un des points clés du livre est qu’il faut créer un business qui rapporte, pour ensuite en simplifier et déléguer au maximum la gestion. Allo ? Créer un business qui rapporte, vous pensez peut-être que ça se fait en une nuit ? C’est évidemment possible, mais ce n’est pas une sinécure. Au contraire, cela représente une charge de travail titanesque. Prétendre que n’importe qui peut se lancer dans ce genre d’aventure facilement, sans connaissances et un minimum de compétences est un mensonge.

L’autre point clé est qu’il est possible d’automatiser cette même entreprise au point que 4 heures par semaine seront suffisantes pour en assurer la pérénité. Là encore, j’aimerais souligner qu’arriver à ce niveau d’automatisation nécessite une expérience et des facultés non négligeables. N’est pas aussi efficace qui veut.

Bref, la méthode décrite est loin d’être une panacée, et ne s’adresse déjà pas à tout le monde.

Partant de ces constats, peut-on dire que le livre est une gigantesque arnaque ? S’est-il vendu si bien à cause de l’étroitesse d’esprit de millions de crédules ? Ce n’est pas ce que je suis en train de dire.

Vous allez vivre la vie de vos rêves, b**el ?

J’avoue avoir été tiraillé entre deux sentiments opposés tout au long de ma lecture. Car malgré mes critiques précédentes, je trouve que les conseils de M. Ferris en matière de marketing sont pétris de bon sens et forts avisés, même s’ils sont plus facile à énoncer qu’à mettre en œuvre.

Mais surtout, au delà de l’aspect « créez un business et vivez vos rêves facilement », il y a un message dans ce livre qui n’est pas inintéressant. Dans son ouvrage, Timothy dénonce cette vieille idée que le travail est une valeur en soi, et qu’il n’est pas condamnable de faire du travail sa raison de vivre. Il propose en fait plusieurs leçons pleines de sagesses. La richesse et la possession ne font pas le bonheur. Ne pas s’identifier à son boulot. Ne pas faire de son travail une activité par défaut. Ne pas se contenter d’une vie banale et médiocre. Ne pas oublier de vivre. Ne pas attendre de vivre, mais agir maintenant sans attendre le bon moment.

Finalement, la qualité du message spirituel délivré dans La semaine de 4 heures n’a pas à rougir devant les meilleurs ouvrages philosophiques.

Tim Ferris, génie du marketing


La semaine de 4 heures
Timothy Ferris

Que conclure de cette courte revue de l’ouvrage ? On peut penser ce qu’on veut de La semaine de 4 heures, mais il faut reconnaître à Timothy Ferris une qualité : c’est un génie du marketing. Il a su dissimuler son message spirituel de valeur dans un emballage rutilant, commercial et moderne d’ouvrage sur la richesse facile et immédiate pour tous.

La délégation à l’extrême, bosser quatre heures par semaine, ce ne sont que des prétextes, et s’arrêter à ces points serait faire preuve de mauvaise foi, ou passer à côté du véritable message.

Vous ne deviendrez probablement pas riche grâce à cet ouvrage, et je doute que vous puissiez vivre en ne travaillant que 4h par semaines. À vrai dire, je ne doute pas que Tim soit un forcené du travail qui bosse plus d’heures que quiconque lorsqu’un projet l’intéresse. La semaine de 4 heures reste néanmoins un ouvrage plein de valeur, terriblement motivant et exaltant, et transporte un message spirituel profond.

Reste à savoir si le lecteur sera suffisamment avisé pour percevoir le fond par delà la forme.

Avez-vous La semaine de 4h ? Qu’en pensez-vous ?

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5 thoughts on “La semaine de 4 heures, une grande imposture !

  1. Très bonne critique de ce livre. Tu as beau avoir une tendance au scepticisme maladif, tu as su rester objectif en pointant du doigt ses excès et carences tout en reconnaissant ses qualités.

    Pour ma part, c’est un livre que j’aime énormément. Je l’ai lu 3 fois, et je me vois bien recommencer une 4e fois. Car je te trouve très motivant. En terme de productivité et d’efficacité, je le trouve bien fait car il rappelle les principes de base et les raccorde à nos priorités de vie.

    Pour moi, un incontournable.

  2. @Gib Détrompe-toi ! Si le titre ne peut pas plaire à tout le monde, je peux t’assurer qu’il a été choisi après de longues séries de tests auprès d’une audience potentielle. Du moins, dans sa version originale, dont la version française n’est que la traduction directe.

  3. Toi aussi tu sais bien les choisir tes titres Antoine :))

    Eh oui, un livre qui a su provoquer une polémique sans fin, mais qui est aussi passionant à lire.

    Je crois que le titre du livre marche mieux en anglais parce que ce n’est pas « semaine » mais « workweek ». Si en français on l’avait traduit par « La semaine de travail de quatre heures », peut-être que ça aurait été plus parlant, mais ça aurait été aussi nettement moins élégant.

  4. @Argancel J’y travaille :) En règle générale, l’anglais reste une langue plus percutante et directe que le français. Encore un avantage qu’ont les anglos-saxons sur nous en matière de marketing.

Les commentaires sont fermés.