J’ai croisé dans ma vie des gens qui étaient universellement aimés, appréciés, admirés, respectés, écoutés, et les autres cherchaient leur présence presque désespéremment. Je me suis toujours demandé : « Qu’est-ce qui fait la différence entre ces gens que tout le monde aime, et ceux qu’on ne peut pas blairer ? ».

Trés récemment, j’ai croisé dans ma vie certaines de ces personnes. Décidé à découvrir leur secret, j’ai suivi mes propres conseils et commencé à les observer en les prenant pour modèle. Leur contact a été trés riche en enseignements, et j’en ai beaucoup appris sur la psychologie humaine. Je pense aujourd’hui être en mesure de vous révéler une des recette les plus efficace qui soit si vous voulez être apprécié. Voulez vous l’entendre ? D’accord, mais d’abord, laissez moi vous raconter une autre histoire.

Ce qu’il ne faut pas faire

Il n’y a pas si longtemps, j’ai croisé dans le cadre professionnel une personne avec qui j’ai été amené à travailler de temps en temps. Cette personne était, je dois bien l’avouer, bien plus compétente que moi dans mon domaine. Mais dans ma vie, j’ai croisé beaucoup de personnes plus compétentes, plus intelligentes et plus douées que moi1. Ce n’était pas extraordinaire. Mais ce qui la rendait si spéciale, c’était son autre talent : celui de me faire sentir à quel point elle m’était supérieure.

Ce n’étais pas un de ces « m’a tu vu ? » qui se pavannent en frimant, et qui me font rire plus qu’autre chose. Ce n’était pas de la frime, il n’y avait aucune volonté de « se la jouer »2 derrière tout ça.

Non, c’était extrémement subtil, imperceptible consciemment. Un petit quelque chose d’indéfinissable dans le langage corporel, dans l’attitude, le ton de la voix, les mots employés, le regard. Mais au final, toute cette attitude criait « Regarde comme je suis compétent ! Je suis bien meilleur que toi ! ».

Sans vouloir jouer au psychologue de bas étage, je suis persuadé qu’elle était en fait gravement en manque de reconnaissance, et tout ce qu’elle souhaitait, même sans en avoir conscience, c’était de la considération. Conscient, et à raison, de ses qualités, son inconscient pensait sûrement qu’en la plaçant sur un piédestal, elle serait enfin admirée.

Il n’en fut rien ! A votre avis, qu’ai je ressenti pour cette personne ? De la considération ? De l’admiration ? Du respect ? Que nenni ! Je l’ai trouvé franchement antipathique. Pourquoi ? Parce qu’en s’élevant, elle me rabaissait. Elle me renvoyait à la face tous mes défauts, toutes mes imperfections.

Vous trouveriez du plaisir à côtoyer quelqu’un qui par sa seule présence vous donne l’impression d’être un minable ? Moi non plus !

Comment être aimé


Comment se faire des amis
Dale Carnegie

Pourquoi je vous parle de tout ça ? Parce que si vous voulez être aimé, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire. En fait, telle est la recette pour être apprécié : il faut faire exactement le contraire.

Lorsque j’ai observé les gens dont je vous parlais plus haut, ceux que tout le monde aime, j’ai remarqué qu’ils avaient une faculté absolument fabuleuse : à leur côté, je me sentais extraordinaire. Je n’avais pas l’impression qu’ils avaient quelque chose de spécial, j’avais l’impression que moi, j’avais quelque chose de spécial. Et cela rendait leur compagnie trés agréable et confortable.

Voici donc une des choses les plus importantes que j’ai jamais appris en matière de rapports humains :

(vous êtes prêts ?)

(accrochez vous !)

Si vous faites en sorte que les autres se sentent extraordinaires en votre présence, ils vous voueront une reconnaissance sans borne, et ils vous aimeront.

Je crois que cette affirmation est tellement importante que je veux la répéter encore :

Si vous faites en sorte que les autres se sentent extraordinaires en votre présence, ils vous voueront une reconnaissance sans borne, et ils vous aimeront.

Place à la pratique

Ça, c’est la théorie. Elle est trés simple à énoncer, mais comme toute théorie qui se respecte, la mise en pratique s’avère bien plus complexe. Il ne vous suffira pas d’approcher et de dire « Wow ! Tu es extraordinaire » pour mettre quelqu’un dans votre poche. Ce serait bien trop simple, et les rapports humains sont si complexes !

Voici une recette à suivre, qui devrait donner des résultats corrects :

Aimez-vous

La première étape de cette méthode est cruciale. Cela peut sembler paradoxal, mais pour être aimé des autres, il faut commencer par s’aimer soi même. Après tout, si vous même considérez que vous n’êtes pas digne de considération, comment pourrez vous en convaincre les autres ? Vous avez déjà essayé de défendre une opinion qui n’était pas la votre ? Alors vous devez savoir à quel point c’est inefficace et inutile.

Ne mettez pas la charrue avant les boeufs, et n’espérez pas trop obtenir l’estime des autres tant que vous n’aurez pas d’estime pour vous même. Votre amour-propre est regonflé ? Parfait ! Passons à l’étape suivante.

Rencontrez des gens…

Vous voulez être aimé ? Ce sera difficile si vous vivez sur une île déserte ! Cette méthode nécessite que vous passiez du temps avec des gens. De vrais personnes, en chair et en os ! Alors décollez de votre ordi, et procurez vous une vie sociale digne de ce nom (mais finissez l’article quand même).

…et aimez-les

Je crois que c’est l’étape la plus dure3, mais vous ne serez jamais aimé si vous n’aimez pas d’abord. Je sais que c’est difficile, on rencontre tant d’abrutis dans sa vie ! Mais allez ! Vous et moi ne sommes pas des modèles de perfection non plus, et puis, on est toujours le con de quelqu’un. Alors, il faut lâcher prise, se résigner à l’imperfection chronique de monsieur tout-le-monde, et accepter ses petits défauts et ses imperfections.

Et vous savez quoi ? Quand on y parvient, on se sent beaucoup mieux. On arrive alors à sentir que derrière chaque humain grognon, cynique, fainéant, manipulateur, menteur, etc. se cache souvent un être extraordinaire, qui ne demande qu’à être découvert.

Aimer les autres est un prérequis indispensable à cette méthode. Bon, ok, c’est trés difficile à réaliser, mais hé ! J’ai dit que c’était une recette magique, pas que c’était facile.

Si vous êtes arrivé jusqu’ici, vous avez fait le plus dur. Le reste n’est qu’une question de technique, et avec un peu de pratique, vous devriez y parvenir sans trop de soucis.

Intéressez vous à eux

: Étape suivante, s’intéresser aux gens. J’en ai déjà parlé dans plusieurs articles, mais je crois qu’on ne le répetera jamais assez. Cela suppose que vous développiez plusieurs facultés :

  • La curiosité de vouloir en savoir plus sur les autres, découvrir qui ils sont vraiment. Apprendre à ne plus se contenter des façades, mais considérer chaque personne comme un être unique et passionnant, qui a une histoire à raconter.
  • La franchise de mener des relations saines et basées sur la confiance et le partage, et pas sur la manipulation. Considérer les gens comme ce qu’ils sont : ni complètements bons, ni tout à fait mauvais. Reconnaître qu’on est pas soi même un modèle de perfection. Accepter de se dévoiler et de montrer aux autres ce qu’on aimerait qu’ils nous donnent.
  • La faculté d’observation qui permet d’être attentif aux autres, de remarquer des choses, de voir ce que les autres ne voient pas.
  • L’empathie, la faculté de comprendre les émotions et les états d’esprit d’autrui. De se glisser dans les chaussures d’un autre pour embrasser son point de vue.

Si vous vous intéressez sincèrement aux gens, vous allez naturellement remarquer des choses sur eux. Observez donc les particularités de leur physique, cernez leur personalité, découvrez quelles sont leurs compétences, leurs qualités et leurs défauts, mais surtout, gardez à l’esprit qu’on ne connait jamais vraiment quelqu’un.

Soyez psychologue

Vous commencez à connaître quelqu’un ? Quels sont ses points faibles ? Ses points forts ? Que désire-t-il le plus au monde ? Qu’espère-t-il et que craint-il ?

Pour que les gens se sentent bien en votre présence, il faut que vous leur donniez ce qu’ils désirent. Pour mieux comprendre, prenons le problème à l’envers. A votre avis, quelle insulte lui ferait le plus mal ?

Pour savoir quel compliment ferait le plus plaisir, devinez quelle insulte serait la plus douloureuse. Nos personalités respectives recèlent toutes des points forts et des points faibles. Si vous voulez blesser quelqu’un, il faut taper sur l’endroit le plus sensible.

Exemple, supposons que vous vouliez blesser une jolie fille. Vous pouvez tenter de la dénigrer sur son physique, mais les résultats seront médiocres. Elle sait qu’elle est jolie, il y a des tas de gens qui le lui disent régulièrement. Pour elle, vous ne serez qu’un plouc frustré qui ne sait pas s’y prendre avec les femmes.

Pour la blesser, il sera plus efficace de vous moquer de sa personalité, son esprit, etc. Note importante : Je ne suis pas en train de vous apprendre à insulter les gens, alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Le but, c’est que les gens se sentent bien prés de vous, ce n’est pas en les insultant que vous y parviendrez. Fermons la parenthèse.

Les compliments, c’est un peu la même chose. Si vous complimentez un mannequin sur son physique, vous ne lui ferez pas plaisir. Tant de gens ont déjà fait la même chose que vous ! Vous ne lui apportez rien de nouveau, rien d’intéressant. Par conséquent, elle vous dira merci poliment, et vous classera dans la catégorie « admirateur à ses pieds, gentil mais collant ».

Un bon compliment doit renforcer l’estime de soi de celui qui le reçoit. Par conséquent, il doit viser là ou l’autre doute de lui. La pommade ne fait du bien que quand elle passe sur des plaies. Ce sont toutes ces failles, tous ces doutes, que vous devrez découvrir et mettre à jour. Comme vous le voyez, il vous faudra une bonne maîtrise de la psychologie humaine, et une bonne faculté à comprendre les autres.

Complimentez


Sociologie du dragueur
Alain Soral

Nous en arrivons à la partie finale. Nous avons visé, il ne reste plus qu’à tirer. J’ai déjà expliqué le pouvoir des compliments, c’est ce que nous allons mettre en pratique ici.

L’efficacité d’un bon compliment repose essentiellement sur trois principes : 1) la justesse, 2) la franchise et 3) la subtilité.

1) Qu’est-ce que la justesse d’un compliment ? Il s’agit, comme expliqué plus haut, de tirer là où ça fait le plus de bien. Le meilleur compliment renfore l’estime de soi de sa cible, il le rend fier de lui, il le gonfle de plaisir et d’orgueil. Si vous avez bien suivi, l’étape précédente vous a déjà permis de déterminer à quel endroit viser. Passons donc à l’étape suivante.

2) Pourquoi la franchise est-elle importante ? Parce qu’il est trés difficile de feindre un compliment. En règle générale, n’essayez même pas, cela se verra. En revanche, un compliment franc et sincère ne pourra que faire plaisir. Il n’existe pas de méthode pour devenir sincère, il faut l’être, point. Si le compliment que vous vous apprêtez à lancer n’est pas sincère, abstenez vous. Ne soyez jamais complaisant, ni condescendant, ce sera considéré comme une insulte.

3) Enfin, pourquoi la subtilité est-elle si importante ? D’abord, parce qu’un compliment assené sans aucune subtilité sera reçu consciemment, et son impact sera fortement réduit. En revanche, un compliment indirect sera reçu inconsciemment, et son impact sera tout autre.

Par exemple, vous voulez complimenter quelqu’un sur ses talents de cuisinier. Si vous dites « ta cuisine est délicieuse » (discours franc et direct), le cuisinier en question va analyser votre message, en déduira que c’est un compliment, cela lui fera vaguement plaisir, et en échange, il vous répondra quelque chose comme « merci, vieux ». Suite à quoi, il se considérera comme quittes vis-à-vis de votre compliment.

En revanche, si votre hôte vous voit vous régaler et que vous lâchez subtilement quelque chose comme : « hmm… La dernière fois que j’ai aussi bien mangé c’était… C’était quand, d’ailleurs ? », sans pour autant avoir l’air de complimenter, vous envoyez un message indirect, qui sera reçu inconsciemment, et son impact sera plus fort.

Deuxième chose, il est également beaucoup plus difficile de refuser un compliment subtil par un « oh, tu sais, ce n’est pas grand chose ». Par votre subtilité, vous pourrez traverser les barrières mises en place par votre cible, et ne lui laisserez aucune chance de vous échapper.

Enfin, la subtilité permet de faire des compliments même à ceux qui vous sont supérieurs par la valeur sociale. Dans chaque interraction sociale, il existe une différence de statut tacite entre les participants. Untel sera perçu comme ayant une plus grande valeur sociale qu’Unautretel. Aux extrèmes, on trouve par exemple d’un côté le petit binoclard souffre douleur, et de l’autre la reine de la promo.

On recherche généralement la compagnie et l’approbation de ceux qui ont une valeur sociale supérieure à la sienne. Ainsi, si la reine de la promo consent à poser les yeux sur le pauvre souffre douleur, et le complimente sincèrement, ce dernier sera transporté sur un petit nuage. Mais dans la situation inverse, la reine du bal n’aura probablement que faire des louanges du souffre douleur.

Si votre valeur sociale est supérieure à celle de votre cible, votre compliment fera mouche, même s’il n’est pas trop subtil. Dans le cas contraire, un compliment trop direct pourra se retourner contre vous.

Telle est ma recette. N’oubliez pas, mieux vaut trois compliments francs, indirects et subtils qu’un seul compliment gros comme une maison. Les compliments ne passent pas forcément par les mots, ne négligez pas la puissance du langage corporel. Par exemple, quand votre interlocuteur lance une blague, ou une saillie humoristique, rire est encore le meilleur compliment. Mais n’oubliez pas : pour être apprécié, faites en sorte que votre présence soit une source de confort.

Encore une fois, connaître cette méthode ne vous rendra pas apprécié par tous, si vous ne la pratiquez pas. Alors, au boulot !

  1. Si si ! C’est possible ! []
  2. Comme disent les d’jeunes []
  3. On ne dit pas dur, on dit difficile, aurait dit ma mère []

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