L’expérience l’a maintes fois prouvé : la jalousie est un vilain défaut. Mais c’est une émotion qui ne se contrôle pas facilement, et si vous la laissez s’installer, vous aurez du mal à la déboulonner.

La jalousie est une animosité que l’on ressent à l’encontre de quelque chose ou quelqu’un que l’on s’imagine posséder ce que l’on désire et que l’on a pas. Il existe différents « types » de jalousie, selon les situations. Prenons deux situations qui nous serviront d’exemple :

  1. Robert possède un merveilleux téléviseur (d’ailleurs, il ferait mieux de s’en débarasser) avec écran plasma immense , système sonore 5.1, et tout le bazar. Bref, de quoi faire baver d’envie n’importe quel cinéphile. Lors de ses discussions avec Léon, son voisin qui ne possède qu’un minuscule écran en noir et blanc qui lui abime les yeux, Robert ne se prive pas pour faire l’éloge de son merveilleux équipement. Même s’il aime bien Robert, dans ces moments là, Léon lui enfoncerais bien la langue dans son lecteur DVD.
  2. Bernard anime un atelier de théâtre, auquel participe Léontine. Gaspar, le compagnon de Léontine, soupçonne Bernard de lui faire du charme, et finit par interdire à sa compagne de participer à son atelier.

On peut distinguer ici deux cas « types ». Dans le premier cas, Léon est jaloux de Robert car ce dernier possède quelque chose qu’il n’a pas. Notre définition peut directement s’appliquer, on entend alors souvent parler de jalousie-envie. Dans le second exemple, Gaspar est jaloux de Bernard, car il a peur de perdre ce qu’il possède déjà. Lui et sa compagne partagent une relation amoureuse, et il voudrait détenir l’exclusivité de ce lien. On parle alors de jalousie amoureuse. Dans nos deux exemples, les jaloux partagent une frustration liée à un manque.

Si vous me disiez que vous n’avez jamais été jaloux, je ne vous croirais pas. La jalousie est un sentiment trés primaire et instinctif. Elle existe dans toutes les cultures, et apparaît dés le plus jeune âge. Commençons par nous mettre ça dans le crâne, la jalousie est une réaction naturelle qui trahit un manque, un besoin, un désir. Mais dans la plupart des cas, c’est un sentiment négatif, qui peut faire plus de mal que de bien, tant aux jaloux qu’à ceux qui les subissent.

La jalousie est une émotion naturelle

La jalousie-envie exprime une colère, un ressentiment, et va au delà de la simple envie. Colère de ne pas posséder ce que l’on désire, mais également colère de voir sa propre insuffisance mise en exergue. Dans notre exemple, Léon désire une nouvelle télé, mais il ne met pas tout en oeuvre pour l’obtenir. Le problème est qu’il n’assume pas son besoin. Dans ce cas précis, il pourrait trés bien faire des heures supplémentaires, ce qu’il refuse catégoriquement (alléguant l’excuse providentielle qu’il a autre chose à faire), et ce refus entraîne une frustration.

La jalousie amoureuse est différente : elle trahit une peur, un manque de confiance en soi. Dans notre exemple, Gaspar craint de perdre son lien privilégié avec son amie. Cette peur est le reflet de son amour propre défaillant, qui le fait douter de sa capacité de séduction. Il voit alors dans n’importe quel homme un rival potentiel, et cherche à en isoler Léontine.

Pourquoi la jalousie n’est pas la meilleure réaction

Les causes de la jalousie sont le plus souvent inconsciente. Gaspar ne se répète pas tous les jours « Mon dieu, qu’est ce que je manque de confiance en moi ! ». Au contraire, il s’est construit une image de gros dur et joue les macho (Note : ce n’est pas de la psychologie à deux balles. Je sais tout ça parce que l’exemple est tiré d’un fait réel, et Gaspar est réellement un australopithèque décérébré). Parce qu’il ne sait pas ou ne veut pas savoir que le problème vient de lui, Gaspar rejette la cause de ses soupçons sur les autres. Il va s’en prendre à sa compagne, et à ceux qui la fréquentent. Cette voie est une impasse, personne ne peut régler son problème à sa place.

Gaspar va rentrer dans l’engrenage « classique » pour garder Léontine. Il conservera son attitude suspicieuse, commencera à la surveiller, lira son courrier, écoutera en douce ses messages téléphoniques, et refusera qu’elle sorte sans lui. Il se montrera de plus en plus soupçonneux, et la harcellera de questions. Il piquera des crises de colère dés qu’il la verra parler à un autre homme, et cherchera à l’isoler. Du coup, Léontine finira par en avoir assez, ne le supportera plus, et le laissera tomber (en tout cas, espérons-le pour elle). Bien entendu, il s’agit d’un cas extrème, mais on retrouve les même schémas à des niveaux moins prononcés.

Gaspar se pourrit la vie avec ses soupçons qui lui rongent les sangs et va faire de la vie de son amie un enfer. La couper du monde et la harceler ne vont certes pas lui donner envie de rester fidèle. Pour Léon non plus, être jaloux n’est pas la meilleure méthode pour obtenir ce qu’il veut. On s’imagine que l’objet de son désir ne va pas tomber du ciel, et s’il n’agit pas pour obtenir ce qu’il désire, il pourra rester jaloux toute sa vie sans effet.

Comment gérer intelligemment sa jalousie ?

La jalousie peut pourtant être un sentiment précieux, si on prend la peine de réfléchir à ses causes. Elle est un moteur qui nous fait avancer pour obtenir ce que l’on souhaite et pour combler les manques dont nous souffrons. Titiller son partenaire en le rendant volontairement jaloux peut même dynamiser un couple (mais attention à ne pas en abuser). Pour gérer intelligemment sa jalousie, il faut accepter que le problème puisse venir de soi et pas des autres, et prendre le problème à la source en décidant de se remettre en question. Ecoutez Socrate, qui nous dit « Connais-toi toi-même ».

Dans le cas de la jalousie-envie, il faut comprendre d’où vient le désir. Pourquoi Léon souhaite-t-il tant ce que Robert possède ? A-t-il réellement besoin d’un home cinéma chez lui, alors qu’il ne regarde la télé qu’une fois par mois ? Ces questions ne sont pas du ressort de cet article, mais j’en parlerai plus tard, dans un autre billet. En attendant, si l’envie ou le besoin persistent, alors il faut les assumer, et tout entreprendre pour les assouvir. Malheureusement, tous ne sont pas égaux devant les difficultés que cela entraîne. Si Léon gagne bien sa vie, obtenir ce qu’il veut ne devrait pas lui poser trop de problèmes. S’il est au chômage, entretient cinq enfants et doit payer trois crédits, les efforts à déployer ne seront pas les mêmes. Léon devra se poser la question : Le jeu vaut-il la chandelle d’aliéner sa vie pour une télé ?

Dans le cas de la jalousie amoureuse, on l’a dit, le problème vient d’un manque de confiance en soi. Heureusement, c’est un problème qui se soigne (et qui sera lui aussi traité dans d’autres articles). Imaginons que Gaspar soit frappé par la grâce, et qu’au lieu d’être l’empoisonneur décrit plus haut, il décide de se remettre en question. La jalousie le ronge, mais au lieu de devenir infernal, il cherche à surpasser tous ses rivaux potentiels. Il fait tout pour devenir un compagnon irremplaçable, se montre attentif, prévenant, tout en respectant la vie privée de sa compagne. En décidant de devenir l’homme idéal, il augmente son potentiel de séduction, et entre dans un cercle gracieux. Au fur et à mesure qu’il gagnera du crédit aux yeux de son amie, son amour propre ne fera que grandir. En attendant, il doit prendre sur lui et ne pas laisser s’exprimer sa jalousie. Ainsi il évitera de provoquer lui même les comportements qu’il redoute. Il faut comprendre qu’être constamment soupçonné d’infidélité ne donne pas envie de rester fidèle.

Comment subir la jalousie ?

Ceux qui vivent en couple sont souvent au moins une fois victime de jalousie. Ce comportement peut être énervant et même blessant lorsque l’on a rien à se reprocher, et l’envie de provoquer le jaloux est forte. Dans les cas de jalousie passagère, je pense que le mieux est encore d’ignorer le jaloux jusqu’à ce qu’il se calme, et s’excuse de son erreur. En cas d’entêtement, ou de crise un peu plus forte, ne pas s’énerver mais le rassurer, lui expliquer calmement que vous comprenez qu’il souffre, mais que ses craintes sont sans fondement. Il faut toutefois que le jaloux comprenne que vous avez aussi le droit à une vie privée, et qu’il n’a pas l’exclusivité sur vous. S’il persiste, expliquez lui que son manque de confiance vous blesse, et que s’il continue, cela pourrait devenir insultant. Surtout, soyez ferme sur vos droits. Une vie de couple doit reposer sur la confiance. Bien entendu, si la jalousie du partenaire est justifiée, alors je ne peux rien pour vous. Mais surtout, si vous n’avez rien à vous reprocher, ne culpabilisez pas. Soyez certain que le problème vient de lui, pas de vous.

Pour finir, j’ajouterai qu’il y a deux comportements à éviter pour qui veut régler le problème intelligemment. Le premier, c’est la provocation. Comme je l’ai dit, il est tentant de se venger de la jalousie du partenaire en l’asticotant encore plus. C’est un jeu dangereux, qui ne fera qu’envenimer les choses. L’autre comportement à risque, c’est de se soumettre, en pensant que cela règlera le problème. Rien n’est moins sûr. Au contraire, vous mettrez le doigt dans un engrenage en encourageant le jaloux à imposer sa volonté, et vous ne l’empêcherez pas de manquer de confiance en lui. Soyez ferme sur vos positions et revendiquez vos droits, mais toujours de manière calme et posée. Ainsi, vous montrez que vous n’avez rien à vous reprocher.

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