Je connais pas mal de personnes qui passent leur temps à se morfondre, à gémir et à soupirer des phrases telles que « De toutes façons, je n’ai pas droit au bonheur », « le bonheur, ce n’est pas pour moi », etc.

Et pourtant, elles cherchent. Ça, on ne peut pas leur reprocher de rester chez elles les bras croisés. Elles sortent, s’occupent d’elles, de leur habitat, bref « font des trucs ». Alors qu’est-ce qui ne va pas ?

** Interlude **

C’est l’histoire d’un gars qui rentre chez lui en pleine nuit, après une soirée entre amis. En chemin, il croise quelqu’un qui semble chercher quelque chose au pied d’un lampadaire. Il lui demande :

– Vous avez perdu quelque chose ?
– Oui, j’ai perdu mes clés là-bas, je n’arrive pas à remettre la main dessus
– Là-bas ? Mais alors, pourquoi cherchez vous ici ?
– Parce que là-bas, on n’y voit rien, alors qu’ici, j’ai de la lumière.

** Fin de l’interlude **1

Cette petite blague illustre bien ce dont je vais parler. Il y en a qui cherchent le bonheur là où il n’est pas. Et ensuite, ils s’étonnent de ne pas le trouver.

Pour clarifier un peu les choses, attachons nous à comprendre ce que le bonheur n’est pas.

Le bonheur n’est pas le plaisir

L’erreur la plus courante, c’est de confondre bonheur et plaisir. La confusion est parfois compréhensible : les deux représentent un certain état d’esprit positif. Une satisfaction du corps et de l’esprit.

Pourtant, il est possible d’éprouver beaucoup de plaisir sans être heureux pour autant. Du coup, ceux qui confondent ne comprennent pas : ils prennent du plaisir. Ils jouissent de la vie. Pourquoi ne sont ils pas heureux ? Bigre ! C’est sans doute qu’ils ne prennent pas assez de plaisir encore, Pardi ! Un peu plus de plaisir, et ce sera bon.

Le plaisir, c'est bien

S’ensuit une course au plaisir, de plus en plus fort, de plus en plus intense, de plus en plus souvent. Mais le plaisir consumme, il aveugle, il fait perdre de vue tout le reste. Trop de plaisir tue le plaisir.

Le plaisir est immédiat, instantané, alors que le bonheur se construit sur le long terme, dans le plaisir, mais aussi dans le travail, l’effort, le pénible2.

Prenons du plaisir, mais attention à ne pas nous brûler les ailes.

Le bohneur n’est pas le confort

L’autre erreur commise trés souvent, c’est de confondre le bonheur et le confort. Ou plutôt, le bonheur et l’absence d’inconfort. De nos jours, et tout particulièrement dans notre société qui prône le rapide, le pas cher, on considère que l’inconfort est une atrocité qui doit être éliminée absolument.

Ainsi, si l’on dort mal, on s’achètera un nouveau matelas plus confortable. Si l’on est stressé en fin de journée, on tiendra à coup de prozac. On privilégie la voiture par rapport à la bicyclette, pour aller toujours plus vite. Nous ne devons plus attendre, car l’attente est source d’inconfort.

[exergue gauche]Il faut aller toujours plus vite, car l’attente est source d’inconfort[/exergue]

Mais à force de supprimer tout ce qui pourrait causer de l’inconfort, nous en oublions que la vie est par essence inconfortable. Qu’est-ce qui nous fait apprécier un bon repas, si ce n’est la faim ? Qu’est ce qui nous fait apprécier des retrouvailles avec un proche, si ce n’est la séparation ?

Tout ceci me rappelle une publicité que j’ai vu il y a quelques années déjà, pour un téléphone portable, je crois. La pub montrait deux personnes, marchant au milieu d’une gare, et conversant par mobile interposé. Puis, elles se rejoignent au milieu de la gare, raccrochent leur portable, et continuent leur conversation comme si de rien n’était.

Ce clip voulait mettre en avant la possibilité de rester en contact avec ses proches vie le mobile trucmuche. Je trouve ceci horrible. Où est l’émotion de la retrouvaille ? Sous prétexte de supprimer l’inconfort de la séparation, on a annihilé toute émotion positive qu’aurait pu provoquer, au final, cet inconfort.

[exergue droite]La vie est par essence inconfortable[/exergue]

Bien entendu, un confort insuffisant peut nuire au bonheur. Difficile d’être heureux, quand on ne mange pas à sa faim et qu’on dort sur une planche. Mais un trop grand confort peut également avoir des effets désastreux sur la qualité de vie. Une vie trop confortable est ennuyeuse à mourir. Et une recherche exacerbée du confort parfait peut causer un stress terrible.

Il ne s’agit pas de supprimer tout confort, mais de trouver un juste équilibre, et d’accepter l’inconfort comme faisant partie intégrante de la vie. D’ailleurs, d’autres vous diront tout ça mieux que moi3.

Le bonheur n’est pas dans la consommation

Celui-là est un cas un peu particulier, inhérent à notre société de consommation. Les publicités qui nous assaillent chaque jour (télévisions, radio, affiches, panneaux routiers, journaux, etc.) n’ont de cesse de créer des besoins pour nous faire consommer, afin que puisse tourner l’économie.

Soyez belle avec telle crème. Soyez un Homme (un vrai) avec le rasoir X. Chopez des gonzesses comme s’il en pleuvait avec le déodorant Y. Quand vous aurez telle voiture, votre besoin sera comblé, vous serez heureux.

l'ane et sa carotte

Et c’est bien là le problème : il manque toujours quelque chose. La publicité nous fait miroiter le bonheur comme quelque chose d’accessible à travers la consommation de biens et de services. Et nous nous retrouvons un peu comme des ânes avec un carotte juste sous le nez, pendue à une canne attachée à notre propre corps. On croit qu’il suffit d’un petit pas, mais la carotte recule, encore et encore. Tant et si bien qu’on fini par s’épuiser à tenter de l’attraper.

Il est pourtant utopique de croire que nous pourrons répondre à des besoins spirituels et philosophiques par des objets matériels, de même qu’il serait stupide de penser qu’un débat d’idée ou qu’un poème pourraient donner de la lumière. Quand la solution ne se trouve pas dans le même plan que le problème, ça ne marche pas. Et on vous l’a déjà dit, mais l’argent ne fait pas le bonheur.

Travailler pour rouler, rouler pour travailler.

Nous passons donc des heures à travailler pour gagner de quoi payer les objets que nous achetons pour nous soulager du stress occasionné par notre travail. Délicieusement pervers, n’est-ce pas ? Et si nous… travaillions mois ? Si nous passions moins de temps à consommer, et plus de temps… à vivre ?

Récapitulons

Chercher quelque chose au mauvais endroit est frustrant, parce que plus on cherche, et moins on trouve. Chacun doit réfléchir à ce qu’il veut vraiment, et faire preuve de bon sens et de souplesse comportementale pour se débarrasser de ses habitudes néfastes qui ne pourront que l’amener vers la mauvaise direction.

Prenons du plaisir, jouissons de la vie, mais ne faisons pas du plaisir notre unique raison de vivre. Cherchons le confort, mais n’oublions pas que l’inconfort est la plus grande source de plaisir. Et puis, prenons du temps pour nous, au lieu de le sacrifier sur l’autel de l’économie. Si vous travaillez pour combler les besoin de votre famille, n’oubliez pas que votre famille à plus besoin de vous que de votre porte-monnaie.

Et surtout, n’attendez pas pour réfléchir à tout ceci. Par ce qu’une vie gâchée, c’est toujours une catastrophe.

  1. Hahahahahaha ! Hum… []
  2. On croirait entendre mon grand-père []
  3. Ben ouais, on a les références qu’on mérite []

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