Lorsque j’étais plus jeune, il y a quelques années de cela, j’étais excessivement timide. Parmi les nombreux problèmes que cela me posait, il y en avait un que je haïssais particulièrement : j’étais incapable de soutenir une conversation avec un(e) inconnu(e). Lorsque l’on me présentait quelqu’un, je n’arrivais jamais à trouver quoi que ce soit à lui dire. Après un court échange de banalités, je restais comme deux ronds de flans, les bras ballants, en me creusant désespérément le ciboulot à la recherche d’un sujet de conversation qui ne venait pas. Et j’espérais secrètement une diversion providentielle qui pourrait empêcher le malaise de s’installer. Ce n’est qu’après avoir cotoyé la personne pendant de nombreuses heures que je parvenais à me décoincer.

Ces troubles étaient fort pénibles. D’abord, cela a transformé en calvaire mes sorties du soir, dans lesquelles je ne me sentais pas à l’aise. Ensuite, cela a beaucoup handicapé ma vie sociale. Ce n’est pas facile de connaîtres des gens lorsqu’on à du mal à lier connaissance.

Docteur, qu’est-ce que je dois faire ?

Pendant longtemps, j’ai réfléchi au meilleur moyen de mettre un terme à ces soucis. La solution paraissait simple : puisque je n’avais rien à dire, il fallait que je m’entraîne à trouver des sujets de conversation. Je décidai alors de me mettre à parler de tout et de rien, d’exprimer tout haut tout ce qui me passait par la tête, sans me poser de questions sur l’intérêt de la chose. Jamais, plus jamais je ne devais me trouver à cours de mots.

Naïf que j’étais !

L’expérience m’a démontré à maintes reprises que cette tactique ne produisait pas l’effet escompté. Bien au contraire. Au lieu de m’attirer la sympathie de mon interlocuteur, elle le fatigait, le lassait, l’ennuyait. Je n’étais plus seulement un interlocuteur muet, j’étais un interlocuteur rasoir. Celui-là même que l’on tente d’éviter à tout prix pour n’en pas subir le poids barbant.

Bonne nouvelle : la solution existe


Comment se faire des amis
Dale Carnegie

Si je vous parle de tout ceci, vous vous doutez bien que c’est parce que j’ai mieux à vous proposer. Et bien vous ne vous trompez pas, lecteurs adorés (permettez-moi ce brin de familiarité, voulez-vous). J’ai en effet découvert qu’il n’est pas difficile de soutenir une conversation. La solution tient en quelques mots : (suspense) Pour être un bon interlocuteur, il n’est point besoin de parler, il suffit d’écouter.

Dit comme cela, ça à l’air si simple ! Et bien ça l’est. La plupart du temps, les gens adorent discourir, pour peu qu’ils trouvent en face une oreille attentive. Cela vous est-il déjà arrivé de tomber sur quelqu’un qui était littéralement fasciné par vos paroles ? N’était-ce pas flatteur ? N’était-ce pas gratifiant ? Lorsque vous écoutez quelqu’un, vous lui faites sentir son importance. En accordant votre attention à votre interlocuteur, vous lui montrez votre considération pour lui. Vous flattez son orgueil, et cette personne vous en sera reconnaissante. C’est un moyen trés habile et trés simple de gagner sa confiance et son respect. Car c’est une règle élémentaire de psychologie sociale : on apprécie d’autant plus les gens qui nous apprécient, et on ne respecte que ceux qui nous respectent.

Ok, j’ai compris. Dorénavant, je ne dirai plus rien

Malheureux ! Ecouter les gens n’est pas si aisé. Il ne s’agit pas de rester coi tout en laissant l’autre parler. L’écoute n’est pas un phénomène passif, cela demande de s’impliquer dans la conversation, et de porter une attention non feinte à votre interlocuteur. Ne faites pas semblant de vous intéresser, cela se remarquera, et fera trés mauvais effet. Si vous voulez donner une mauvaise impression de vous, ne pas être aimé, voici la tactique à suivre : ne vous intéressez pas à ceux qui vous parlent. Moquez vous comme d’une gigne de ce qu’ils vous racontent. Baillez aux corneilles en écoutant leurs histoires. Interrompez-les pour parler de vous-même. Après tout, vous êtes un sujet tellement plus intéressant. Effet garanti !

Vous devez vous intéresser réellement à la personne qui vous parle. Montrez vous curieux à son sujet. Ayez envie de tout savoir d’elle. Buvez ses paroles. Admirez-la sincèrement. Vous devez chercher à adopter un état d’esprit d’ouverture et de curiosité. Si vous y parvenez, vous en viendrez naturellement à poser des questions intéressantes, sur lesquelles votre interlocuteur aura plaisir à rebondir et à discourir.

Ne pensez pas à vous, pensez à celui qui vous fait face. Mettez vous à sa place, n’auriez vous pas envie d’avoir un confident, un auditeur attentif ? Posez lui des questions ouvertes sur les sujets qu’il maîtrise est sur lesquels il aime discourir. Ne l’interrompez pas pendant qu’il parle. Contentez vous de lui montrer votre attention en le relançant de temps en temps par un grognement d’assentiment ou une autre question.

Illustration


Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens
Joule & Beauvois

Je vais prendre un exemple personnel. Jusqu’à trés récemment, j’étais horriblement gêné de rencontrer un voisin de pallier dans les couloirs de mon immeuble. En effet, nous nous connaissons suffisamment pour nous saluer, mais pas assez toutefois pour entamer une conversation. Aussi, lorsque nous sortions par hasard au même moment, nous descendions les escaliers de concert et restions côte-à-côte pendant un long moment dans le silence le plus absolu et le plus pesant.

Mais un jour, je décidai de faire l’effort de m’intéresser sincèrement à ceux qui vivaient près de moi, et je réalisai que je n’en savais presque rien. Aussi, croisant une voisine sur son pallier, je commençai par m’enquérir de sa santé (un grand classique, mais qui a fait ses preuves). J’embrayai en lui demandant si elle appréciait ses congés, car nous étions en période de vacances scolaire. Ainsi, elle me parla de son métier, de ses loisirs, et la conversation se poursuivit quelques minutes avant que nous ne nous séparions cordialement.

Devenez un auditeur recherché

Par la suite, quand j’ai généralisé cette méthode à toutes mes interactions sociales, j’ai appris une autre chose importante : tout le monde à une histoire à raconter. Chaque personne est intéressante. Pour certaines, c’est moins évident que d’autres (et pour certaines, il faut chercher trés longtemps et trés loin, il est vrai), mais tout le monde à quelque chose à dire.

Lorsque j’ai commencé à mettre cette technique en oeuvre, j’étais souvent freiné par le fait que je trouvais indiscret de poser des questions personnelles aux gens que je ne connaissais pas. Ne faites pas la même bêtise. Sachez que chaque personne est au centre de son propre univers, et par conséquent, elle est le sujet qu’elle maîtrise le mieux.

Si vous voulez devenir un interlocuteur brillant, à la conversation recherchée, suivez ces conseils : commencez par vous taire, et apprenez à écouter.

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